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Regard sur les investissements financiers privés responsables dans le secteur forestier

03.05.2019

On entend souvent que l’investissement dans le secteur forestier présente de nombreux challenges, attire peu, avec de faibles retours sur investissement. Or, dans un contexte d’augmentation des investissements, dit responsables, une cinquantaine d’experts du monde entier se sont réunis le 2 et 3 avril 2019, à Rome à la FAO.

Deux jours pour mener des réflexions sur la question, partager des success stories de projets d’investissements  et trouver des solutions pour lever certains obstacles,  notamment en  abordant et en testant l’approche de « la chaine de valeur » (voir encadré ci-dessous).

L’ATIBT y a participé et présente ci-dessous à la fois les principaux résultats de cette réunion, et  la façon dont l’association et ses membres/partenaires contribuent directement ou indirectement à ces réflexions.

Tout d’abord, il a été avancé qu’au cours des dernières années, les investissements privés dans le secteur forestier se sont accrus (entre autre, pour répondre aux 17 objectifs de Développement Durables…). Cette croissance offre des opportunités importantes pour soutenir le développement local, et également pour continuer à développer une offre de finance inclusive destinée plus particulièrement aux PME/PMI.  

Aussi, il a été soulevé que les petits et moyens exploitants contribuent fortement à accroître le couvert forestier et à fournir de nombreux biens et services.  Ils gèrent ainsi plusieurs millions d’hectares de forêts dans le monde entier. Cependant, ils sont souvent confrontés à un faible accès à la fois au financement et aux marchés, facteurs essentiels pour la sécurisation de leur activité.

Cette première séance de travail, à la FAO, a regroupé tous les acteurs et experts de ce secteur (représentants de fonds d’investissement, représentants d’organisation de producteurs, de bailleurs de fonds, d’ONG, de porteurs de projets…). Cette réunion a permis d’identifier les facteurs clefs qui favorisent l’investissement. Plusieurs exemples de success stories appliqués au secteur forestier ont été présentés. Enfin, les points de vue et objectifs des différents participants ont permis d’établir les priorités.

Les financements existent, les projets existent, mais comment faire pour que ceux-ci se rencontrent et fonctionnent ?

L’approche de la chaine de valeur :

La chaîne de valeur de la foresterie peut associer différentes parties prenantes ayant différents objectifs, à savoir la production, les opportunités commerciales, les avantages sociaux et la restauration des terres / forêts. Trouver des moyens de combiner les intérêts de multiples parties prenantes peut être un moyen de réduire les risques liés aux investissements et d’avoir de multiples impacts en même temps. Par exemple, combiner le développement de la chaîne de valeur commerciale avec la restauration peut accroître sa durabilité à long terme et ses contributions aux ODD.

Quels sont les facteurs clefs des projets qui favorisent l’investissement ?

  • Les projets  doivent inclure une analyse précise de la chaîne de valeur (i.e : valoriser l’investissement à chaque étape du processus de la fabrication du produit,  de la gestion de la ressource à la  consommation finale).  
  • Pour certains, les projets qui adoptent le concept de l’approche paysage permettent de mieux appréhender   la dynamique de l’offre et de la demande  et ainsi d’atténuer les risques;
  • La stratégie d’investissement doit être bien définie avec de solides business plan.
  • La stratégie de sortie et les différentes options possibles doivent être définies dès le départ.
  • L’investissement doit se baser sur un réseau de partenariat solide;
  • Le savoir-faire, les capacités de gestion et l’organisation des petits exploitants sont essentiels.

Ces facteurs de succès, assez généralistes, ont ensuite été illustrés à travers différents partages d’expériences dans le secteur forestier. Il apparaît  essentiel :

  • d’adapter les projets d’investissements en fonction des différents profils d’investisseurs et de leur aversion aux risques ;
  • de proposer des projets à financements mixtes (« blended finance » ) dès le départ car cela permet ensuite de libérer les investissements plus commerciaux plus tard dans le projet ;
  • d’assurer des sources de revenus mixtes dans le cadre de projets (par exemple : bois, carbone, services écosystémiques, autres produits forestiers…) ;
  • d’impliquer et de responsabiliser la population locale au sein même du projet pour permettre l’atténuation des potentiels risques de conflits avec les populations locales.
  • De sensibiliser également des investisseurs au secteur de la forêt, à la compréhension du business model de ce secteur mais aussi au fait qu’il y ait de la création de valeur dû à la séquestration de carbone par exemple.

Quels seront les axes de travail de ce HUB ?

Les 2 axes prioritaires identifiés:

  • Collecte et partage des données de marché dans le but d’aider à monter des projets de financements efficients (données de production, de croissance, de prix, de coûts de structures, de courbes de projections de différentes espèces, de stock de Co2…
  • Partage des exemples de réussites et de leçons apprises.

L’ATIBT rappelle que même si elle n’est pas impliquée directement dans les projets de financement, elle contribue par son travail ou celui de ses membres/partenaires à répondre à ces enjeux :

  • Nécessité de collecter de données de marché.
    • STTC/ATIBT : Conférence le 24 et 25 octobre 2018 à l’ATIBT sur le thème : « Utilisation des données de marché pour accroître les parts de marchés », abordant cette problématique d’accès aux données.
    • Collaboration et partage d’information entre ATIBT et IMM  (Independant Market Monitoring)
  • Travail sur les réglementations des pays au travers d’actions de plaidoyer, notamment en République du Congo, ou encore par des études d’impacts menées dans le cadre de ses projets. 
  • Concernant la transparence : collaboration avec l’ONG ZSL qui développe des outils visant à évaluer la transparence des entreprises du secteur avec l’outils SPOTT, ou encore WRI qui a créé le site OTP.
  • L’ATIBT, à travers son Think-Tank mène des réflexions de fond sur le business model des concessions forestières certifiées, sur les sources de revenus complémentaires que peuvent développer les exploitants forestiers (PSE, PFNL, carbone…) 
  • L’ATIBT, lors de différentes rencontres, mène aussi régulièrement des réflexions sur l’approche paysage, un sujet complexe qui est amené à être abordé en profondeur dans un futur proche.
  • Enfin, un travail devrait pouvoir être mené auprès de certains fonds d’investissement ou de fondations pour les sensibiliser quant à la nécessité d’appuyer le modèle forestier durable, dans le cadre de la lutte contre la déforestation.
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