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7ème rencontre annuelle de STTC, en visioconférence

08.12.2020

La 7e conférence annuelle de STTC s’est tenue le 19 novembre dernier, sur le thème "Tenir le cap et aller de l'avant : des racines pour une reprise verte". L’équipe STTC s’est réjouie de cet événement en ligne interactif et stimulant, et remercie les participants pour leur présence et les idées partagées.

Au cours de l'événement, environ 150 participants du monde entier, de divers profils de parties prenantes de la chaîne d'approvisionnement en bois tropicaux se sont réunis. L'événement virtuel a permis non seulement de réduire l'empreinte carbone de la conférence, mais aussi d'atteindre un public plus large et plus diversifié.

La Conférence a mis l'accent sur la nécessité de mettre un terme à la disparition des forêts tropicales et aux effets climatiques néfastes qui y sont associés, ainsi qu'à la dégradation de l'environnement en général, et d'encourager la mise en œuvre d'une gestion durable des forêts en développant le marché des bois tropicaux issus de forêts gérées durablement.
Le second sujet central abordé a concerné la prise de conscience croissante du fait que, pour s'attaquer à la crise environnementale de manière plus générale, la société dans son ensemble devait adopter un modèle bioéconomique circulaire, avec une utilisation plus importante et plus efficace des matières premières naturelles produites de manière durable. C'est un point de vue qui s'est récemment imposé. La reconstruction économique post-pandémique étant considérée comme une occasion majeure d'accélérer cette transition. L'approvisionnement en bois tropicaux issus de forêts gérées durablement doit être présenté comme une partie intégrante de la réalisation de cette "reprise verte" et du changement bioéconomique, ont déclaré les intervenants.

Parmi eux, Jeroen Nagen, Conseiller en économie circulaire à la direction générale des travaux publics et de la gestion de l'eau des Pays-Bas, a donné le point de vue des Pays-Bas, l'un des principaux défenseurs de la transition vers une bioéconomie circulaire, et de ses principaux importateurs de bois tropicaux. L'expérience néerlandaise a montré que cette transformation économique exigeait un partenariat public-privé et la volonté des entreprises et de la société d'opérer ce changement. "Si le gouvernement ne peut à lui seul conduire la transition, les marchés publics peuvent aider à garantir que les bois tropicaux durables font partie du mélange bioéconomique" a-t-il expliqué. Il a présenté par exemple "l'autoroute biologique" conçue par son ministère avec des partenaires industriels et un plan pour l'utilisation de bois tropical au lieu d'acier et de béton pour les équipements d'autoroute, tels que les barrières, les lampadaires et la signalisation.

Le Dr Lee White, Ministre des Eaux et Forêts du Gabon, a quant-a lui, lancé un avertissement clair. Étant donné son rôle vital de stockage du carbone et de régulation météorologique, il a déclaré que ce n'était qu'en préservant les forêts dans le bassin du Congo que le réchauffement climatique d'origine humaine pourrait être limité au niveau critique de 1,5°C ou moins.  Et la même chose s'applique aux ressources forestières tropicales ailleurs.
Le Dr White a souligné que les producteurs de bois tropicaux, ainsi que les pays consommateurs, devraient s'orienter vers une approche bioéconomique circulaire. C'était l'ambition du Gabon. Le pays était à l'origine principalement exportateur de grumes, mais n'en tirant que peu de bénéfices (3-4% de la valeur de son bois et seulement 5 % des emplois potentiels). Cela a changé en 2010 avec l'insistance du gouvernement sur la transformation à 100 % du bois au Gabon et l'interdiction des exportations de grumes. Actuellement, le pays continue à produire principalement du bois scié, mais il prévoit de passer de plus en plus à la transformation. Ses objectifs sont illustrés par une zone économique spéciale (Nkok) près de Libreville qui abrite 100 entreprises de bois et de produits du bois. "Cela se développe sur des lignes économiques circulaires", a déclaré le Dr Lee. "Les entreprises entreprennent une transformation de premier, deuxième et troisième niveau, et tous les déchets de bois feuillus sont transformés en charbon actif. La première usine de MDF du Gabon est également en construction pour utiliser les déchets d'Okoumé".

Hugo Schally, Chef d'unité Production durable de la Commission Européenne à Direction Générale de l'Environnement a décrit le plan d'action de l'Union Européenne pour une économie circulaire et son objectif, sous les auspices de son "Green Deal", de garantir des chaînes d'approvisionnement sans déforestation. Tous deux présentent des avantages potentiels pour l'utilisation de bois tropicaux certifiés, en stimulant la demande de produits issus de la biomasse et en garantissant un approvisionnement durable. Pour garantir des chaînes d'approvisionnement sans déforestation, il faudra accroître la transparence du secteur et fournir davantage d'informations aux acheteurs commerciaux et aux consommateurs sur l'origine et les circonstances de la production des produits de base.

De nombreux témoignages se sont ensuite succédés : Maria Smith, ingénieur-conseil de la société BuroHappold a déclaré que l'industrie du bâtiment était essentielle pour rendre possible une économie circulaire à faible impact environnemental. Elle a indiqué prendre de plus en plus conscience de la nécessité de passer à un "environnement bâti régénérateur" qui tienne davantage compte à la fois de l'environnement naturel et des besoins sociaux. "L'objectif est de construire des bâtiments qui ont un impact positif sur la santé et le bien-être, qui améliorent la qualité de l'air et qui génèrent des emplois verts. Les bâtiments en bois peuvent être très efficaces sur le plan énergétique et constituer des lieux fantastiques pour stocker le carbone.
Et John Williams, de la société RSK, de conseil en ingénierie, environnement et services techniques, a affirmé qu'il était possible d'accroître la gamme d'espèces de bois tropicaux issus de forêts gérées durablement dans la construction et le génie civil et de développer leur potentiel d'économie circulaire. Ses recherches ont porté sur le développement d'applications structurelles et la croissance du marché des bois certifiés de Guyane et du Ghana, y compris les espèces de bois moins connues (LKTS).

Deux grandes entreprises européennes sont également intervenues au sujet de la pandémie de Covid-19 : Interholco, qui gère plus d'un million d'hectares de forêts certifiées FSC en République du Congo, et l'importateur et négociant international Vandecasteele. L'épidémie a mis à l'épreuve la résilience commerciale et l'adaptabilité du secteur du bois tropical dans le monde entier mais elle a également souligné les obligations plus larges, sociales, environnementales et économiques, impliquées dans la gestion durable des forêts et des entreprises du bois.

Suite au constat réalisé par Mark van Benthem, de l'institut indépendant de "connaissances sur la gestion durable des forêts" Probos, du fait que la mise en œuvre de la certification a ralenti au cours des cinq dernières années, Liesbeth Gort, directrice du FSC Pays-Bas, a présenté son initiative de services écosystémiques certifiés, lancée il y a deux ans. "Les entreprises forestières peuvent démontrer l'impact positif de leur gestion durable des forêts sur cinq types de services écosystémiques : le carbone, le sol, la biodiversité, l'eau et les loisirs. Cette preuve d'impact, sous la marque FSC, peut ensuite être utilisée par les entreprises forestières, leurs clients et les investisseurs pour le marketing et pour obtenir des avantages monétaires et autres."

Iwan Kurniawan, de l'Initiative de Bornéo, a de son coté, recommandé une collaboration et une synergie accrues entre le FSC et le programme FLEGT de l'UE en Indonésie, afin de rationaliser les audits et d'améliorer les aspects économiques de la gestion durable des forêts certifiées.

Mark van Benthem a également présenté le dernier rapport de suivi des données sur les bois tropicaux d'IDH (Initiative pour le commerce durable), réalisé pour STTC par Probos et le Global Timber Forum (GTF). ce rapport a été réalisé avec des correspondants sur les principaux marchés nationaux européens du bois. Il a constaté que 33 % des importations directes de produits tropicaux de seconde transformation en Europe en 2019 étaient exposées à la certification* (contre 28,5 % des produits de première transformation en 2019). Selon M. Van Benthem, cela équivaut à un impact positif sur 735 000 à 925 000 ha de forêts tropicales. L'augmentation des importations de produits de seconde transformation certifiés à 100 % porterait cette superficie à plus de 2 millions d'hectares et, en combinaison avec des produits de première transformation certifiés à 100 %, à 18 millions d'hectares". M. van Benthem a ajouté que le STTC continuait de renforcer ses efforts de collecte de données et, avec le soutien d'IDH et d'autres contributeurs, développait un nouvel outil de collecte de données avec les fédérations commerciales européennes. "Nous espérons que cet outil sera opérationnel l'année prochaine afin que nous puissions fournir des mises à jour lors de la conférence STTC de 2021", a-t-il déclaré.

Vous pouvez télécharger le dernier rapport sur les données du marché des bois tropicaux ici : https://www.idhsustainabletrade.com/uploaded/2020/11/Understanding-sustainable-tropical-wood-products-through-data.pdf


*La mesure « mesure d’exposition à la certification », “the exposure of certification measure” est a différencier de la part de marché des produits certifiés qui entrent sur le marché. Elle prend en compte des données de différentes provenances : zones certifiées dans les pays mais aussi les rapports de flux d’importation de bois, des rapports d’ONG etc. "L'exposition certification" est basée sur une analyse de base des données forestières et commerciales. Elle considère la part des forêts certifiées FSC et PEFC par rapport à la superficie forestière totale, et projette cette part sur les données d'exportation du pays producteur de l'OIBT. L'analyse n'inclut que les importations directes et exclut les importations indirectes. Le commerce intra-UE, le commerce de transit et les réexportations ne sont pas pris en compte.
Il faut également noter que l'analyse porte principalement sur le niveau d'exposition aux certifications FSC et PEFC. Le cas échéant, a été incluse une analyse spécifique des matériaux sous autorisation FLEGT (en provenance d'Indonésie) et des matériaux provenant de systèmes ou la légalité des bois à été vérifiée.

Le rapport de la conférence, les enregistrements et les présentations des orateurs sont désormais disponibles sur le site web de la STTC : http://www.europeansttc.com/19-november-2020-online-conference-holding-the-line/

Le chat se trouve sur ce lien : Chat conférence STTC.

STTC a créé un court formulaire de commentaires pour aider à améliorer les futurs événements STTC et vous prie de prendre cinq minutes pour le remplir, si vous avez assisté à l’évènement : https://forms.gle/JxLJ8y4j9vQNKrtS6

Les bois tropicaux ont fait du chemin, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour la promotion du bois d’origine durable. Cette année difficile a reflété la résilience inattendue du marché des bois tropicaux. Le monde a plus que jamais besoin d'une gestion durable des forêts. L'Europe doit prendre l'initiative et établir des partenariats pour favoriser la transition du secteur forestier vers la durabilité.

STTC suggère de saisir les opportunités pour agir maintenant. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons créer des changements et avoir des effets positifs.

Une fois de plus, STTC remercie ses partenaires de faire partie de la coalition pour la durabilité des bois tropicaux et espère vous voir et vous entendre l'année prochaine !

Membres de l'ATIBT