11.07.2025
Depuis le mois de Janvier 2023, l’ATIBT met en œuvre le projet « Appui au Secteur Prive Forestier et à la Filière du bois au Cameroun pour le Pacte Vert (ASP Cameroun PV) » entièrement financé par l’Union européenne (UE) via la Délégation de l’UE au Cameroun.
Dans ce cadre, différents importateurs européens ont mené de visites chez les producteurs au Cameroun.
Ce financement est fait dans le cadre du Programme d’Amélioration de la gouvernance en milieu Forestier (PAMFOR) mis en place par l’UE et le gouvernement du Cameroun.
Dans le cadre de ce projet ASP PV, deux actions en rapport avec la valorisation et la commercialisation des produits bois camerounais sur les marchés et notamment le marché européen sont mises en oeuvre.
Une action porte sur le développement et la consolidation des relations commerciales entre les producteurs camerounais et les importateurs européens avec pour objectifs d'accroître la visibilité des entreprises camerounaises engagées dans les bonnes pratiques forestières auprès des principaux importateurs européens, de faciliter la création et/ou renforcer les liens commerciaux en vue d’une augmentation des échanges commerciaux entre ces acteurs.
L’autre action traite du développement des LKTS (Lesser Known Timber Species) avec comme objectif général la diversification des essences commercialisées afin de réduire la pression sur les essences les plus exploitées et soutenir la pérennité et l’efficacité de l’aménagement forestier durables (entre autres) avec en ligne de mire l’augmentation de la part des LKTS vendus sur les marchés européens.
Pour ce faire, des voyages d’importateurs européens sont organisés et financés en grande partie par le projet ASP. Au cours de ces voyages, des échanges entre responsables des entreprises de production et importateurs portant sur les préoccupations et besoins spécifiques de chaque partie sont organisés en vue de l’établissement et/ou du renforcement des relations commerciales, des visites de sites de transformation et des chantiers d’exploitation forestières, des ports d’exportation et des échanges avec les associations professionnelles de la filière bois sont tenues.
Les voyages se font par vagues et planifiés suivant la disponibilité et les attentes des importateurs et producteurs. Pour garder le caractère spécifique et plus ou moins confidentiel que peuvent revêtir ces échanges d’affaires, l’approche un importateur – un producteur a été retenue de façon consensuelle, c’est-à-dire un voyage individuel par importateur et des rencontres entre un producteur et un importateur en tête-à-tête.
Les premiers voyages des importateurs ont été effectués entre avril et mai 2025 et se poursuivront jusqu’en novembre 2025. La première vague de voyages a été constituée de Carbon Market, France Timber, Denderwood et Vandecasteele Houtimport.
Les producteurs visités lors de cette première vague pensent que c’est une initiative intéressante à promouvoir dans la perspective du renforcement des liens et échanges commerciaux durables entre producteurs camerounais et importateurs européens fondés sur une bonne gestion forestière. Le PDG de Dino et Fils « nous sommes preneurs et vraiment intéressés par ce genre d’initiatives qui peuvent constituer des motivations supplémentaires de se renforcer dans la gestion durable et la certification tant il est vrai que le marché européen reste tout de même le plus rémunérateurs pour nous. L’ouverture des importateurs et du marché européen aux LKTS que nous avons en abondance pour certaines essences dans nos forêts, serait d’un grand apport en ces temps de tensions diverses en interne comme à l’extérieur ».
Les importateurs ayant déjà effectués le voyage indiquent que ces échanges directes avec les fournisseurs leur permettent d’avoir une meilleure compréhension de la situation sur le terrain notamment sur les potentialités, avantages comparatifs, contraintes, contexte local… Ce qui leur permettra de mieux s’adapter et mieux orienter leurs approvisionnements et leurs liens commerciaux avec les entreprises visitées et aussi avec le pays dans un contexte RDUE entre autres.
Hicham de Denderwood « Nos impressions sont globalement très satisfaisantes dans la mesure où nous avons eu des échanges positifs, professionnelles et de qualités. Nous notons une bonne organisation des entités visitées, des partenaires « prêts » pour l’EUDR. Nous avons reçu des explications de la situation sur place qui nous permettent de comprendre les problématiques quotidiennes rencontrées, des échanges sur les axes de travail en cours (certifications notamment), sur les solutions en rapport avec la conformité au EUDR… ».
Jasper de Vandecasteele Houtimport indique que : « Personnellement, voir comment les entreprises sont installées et échanger avec les responsables de la qualité et de la production permet de mieux comprendre les possibilités techniques. », entretien personnel
Concernant le positionnement de produits bois camerounais sur le marché européen, Hicham de Denderwood pense que « L’avantage des producteurs Camerounais viendra certainement de la certification PAFC ».
Au terme des visites de sites et échanges avec les entreprises visitées, Benoit Gommet de France Timber a indiqué repartir avec de bonnes impressions : « Ils ont tous la volonté de bien faire les choses… ». Cependant, il pense que la cadre au niveau local constitue une pesanteur pour les entreprises qui veulent bien faire les choses : « Ils subissent un contexte local qui est un réel handicap par rapport aux autres pays de la région. Quel dommage au regard du dynamisme des Camerounais ».
Erwan Jacq de Carbon Market qui a été de cette première vague de voyages pense que : « cette action permet non seulement des contacts directs entre acheteurs et producteurs mais surtout permet de mettre les deux côtés en confiance et échanger aussi sur des choses difficiles à traiter avec les intermédiaires / courtiers ».
Les acheteurs et les producteurs indiquent que la mise en marché des LKTS est une préoccupation qui prend de l’importance chez eux et des initiatives, certes limitées, sont lancées sur certaines essences avec plus ou moins de succès pour le moment à cause de plusieurs facteurs sur les marchés et chez les producteurs. Ils ont aussi indiqué que la mise en marché des LKTS peut constituer un levier important pour assurer le commerce durable des produits bois et l’aménagement forestier efficace et viable à moyen terme. A ce propos, Hicham de Denderwood indique que « Nous travaillons sur des essais en conditions réelles notamment en deck sur diverses essences. La saison n’étant pas exceptionnelle en termes de ventes et avec des stocks encore disponibles sur les essences de base, le marché n’est pas encore vraiment ouvert et réceptif pour considérer cela sur base régulière. Nous continuons la promotion de celles-ci en présentant nos résultats à nos clients… ».
Sur sa volonté de faire du commerce sur les LKTS, Benoit Gommet a indiqué qu’il envisage de le faire mais qu’il est essentiel que les uns et les autres « jouent le jeu ».
Sur la mise en marché des LKTS, Jasper de Vandecasteele Houtimport fait savoir que cela fait partie de leurs préoccupations et qu’ils y sont engagés au travers d’initiatives concrètes : « Nous essayons toujours de promouvoir les LKTS, nous avons actuellement environ 4 nouveaux projets en cours de lancement sur le marché. ». Mais il relève aussi que : « C'est du côté de la demande que la promotion du LKTS est la plus efficace. Pour cela, il est important de promouvoir le LKTS auprès des architectes. ».
Les analyses et sentiments des importateurs et producteurs après la première vague de visites au Cameroun, montrent que ces voyages sont bénéfiques pour les parties dans la perspective du développement et du renforcement des liens commerciaux durables. Mais, les importateurs ont quelque peu déploré que la durée limité des voyages qui ne permet pas de voir plus de potentiels partenaires. Ils souhaitent que ce type puissent se poursuivre.