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Toutes les routes ne sont pas des barrières : les grands mammifères utilisent les chemins d'exploitation dans une concession forestière du sud-est du Cameroun

Publié dans ScienceDirect dans le cadre de la thèse de Morgane Scalbert, doctorante de Gembloux Agro-Bio Tech, l'article revient sur l’utilisation des routes et pistes d’exploitation forestières par les grands mammifères dans une concession forestière au Cameroun.

Photo : Quentin Stiernon

Dans la littérature, les routes sont souvent considérées comme des barrières pour les grands vertébrés. En Afrique centrale, la création de routes et de pistes de débardage par l’exploitation forestière entraîne des changements dans la structure des paysages forestiers qui pourraient influencer les déplacements de la faune.

Afin d’évaluer l’utilisation des routes et pistes d’exploitation par six espèces emblématiques des forêts d’Afrique centrale, nous avons installé des pièges photographiques (PP) sur trois types de pistes (routes secondaires, pistes de débardage et pistes d’éléphants comme contrôle) dans une concession forestière du sud-est du Cameroun. Les indices d’abondance relative (RAI) de chaque espèce dérivés des données des PP ont été utilisés dans un modèle linéaire mixte pour tester les effets de quatre facteurs (type de piste; heure: jour vs nuit; grégarité: seul vs groupe; et temps après l’exploitation forestière: moins d’un an vs entre un et deux ans).

Les résultats n’ont montré aucune préférence pour un type de piste donné chez les gorilles (Gorilla gorilla) et les chimpanzés (Pan troglodytes). En revanche, des RAI significativement plus élevés sur les routes secondaires ont été observés pour les buffles (Syncerus caffer), les éléphants de forêt (Loxodonta cyclotis) et les bongos (Tragelaphus eurycerus). Pour les deux derniers, la différence n’était significative que s’ils étaient détectés dans les zones les plus récemment exploitées, la nuit (pour les éléphants) ou seuls (pour les bongos). Nous n’avons pas pu tester pour le léopard (Panthera pardus) car nous n’avons enregistré que deux événements pour cette espèce.

Bien qu’aucune des espèces ne semble éviter les routes et les pistes de débardage, ni les percevoir comme une barrière, d’autres études devraient être menées pour augmenter l’effort d’échantillonnage dans le temps et l’espace afin de prendre en compte la saisonnalité, la croissance de la végétation après l’exploitation forestière, la variabilité géographique et d’autres influences anthropogéniques. Cependant, ces premiers résultats révèlent l’importance de la fermeture des routes après l’exploitation forestière pour limiter les rencontres entre la faune et l’homme et soulignent la pertinence de caractériser les routes (type de route, largeur, revêtement et structure de la canopée au-dessus de la route) lors de l’étude de leur impact sur la faune.

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