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Impact du Covid 19 sur le marché bois tropical

24.04.2020

COVID 19

Pour les informations sur l’avancement de la propagation et la situation sanitaire : https://www.worldometers.info/coronavirus/

Nous vous apportons ici, et continuerons à le faire au cours des prochaines semaines, les informations fournies par nos membres et partenaires concernant le marché bois tropical et les activités des entreprises d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

INTERNATIONAL

Dans sa publication du 18 avril 2020, l’OIBT fait état des effets dévastateurs de la propagation du COVID-19 sur le secteur des bois tropicaux et publie une première analyse de ces conséquences, fruit d’une enquête conduite par les correspondants  du Service d’information sur le marché (MIS-Market Information Service) de l’OIBT au Brésil, en Inde, en Indonésie, au Myanmar et au Viet Nam. Pour consulter le rapport détaillé téléchargez le Rapport 24 sur le marché des bois tropicaux du MIS du 16 avril 2020.

AFRIQUE

De même que l’impact de l’épidémie de coronavirus en Afrique, l’appréciation du marché africain est différente de celle de l’UE.

Notamment parce que :

  • La distanciation sociale est difficile en Afrique
  • En Europe, l’heure est à la recherche d’un équilibre entre l’offre et la demande pour cela la stratégie est de limiter l’exportation pour préserver le marché intérieur
  • En Afrique, il y a une forte concurrence due aux différentes espèces proposées sur le marché.

En effet, les difficultés sur les demandes sont notamment liées aux activités (commerciales/contrats/commandes) habituelles sur le marché intérieur et/ou international propres à chaque entreprise. Parmi les entreprises qui travaillent, depuis les mesures de confinement, on remarque les entreprises certifiées. La certification leur permet d’être plus résilientes, plus réactives grâce aux exigences de mise en œuvre des bonnes pratiques déjà en place. Elles sont certainement mieux préparées à faire face aux mesures de lutte contre l’épidémie de coronavirus.

CAMEROUN

Les entreprises de l’industrie du bois continuent de travailler. Cependant, les échanges commerciaux deviennent de plus en plus difficiles. En effet, la demande baisse et la concurrence est très forte en raison des différentes espèces présentes sur le marché du bois. Par exemple, tandis que le volume de la production de Sapelli augmente la mise en vente sur le marché est difficile en raison de la concurrence entre espèces. Pour Pallisco, il y a trois semaines, la demande n’avait pas ou peu changé. Aujourd’hui la prolongation de la situation affecte directement la demande et menace les activités commerciales.

CONGO

Le ministère des Finances et du Budget a élaboré et publié les mesures douanières, fiscales et financières afin d’accompagner les entreprises du Congo :

Par ailleurs, via communiqué de presse publié le 23 avril 2020, la Banque Mondiale a annoncé le financement de 11,3 millions de dollars pour un projet de riposte d’urgence au Covid-19 au bénéfice du Congo. Ce projet permettra d’aider la République du Congo à lutter contre le Covid-19 (Coronavirus) et à mieux répondre aux urgences de santé publique.

Le Gouvernement de la République du Congo a pris des mesures fortes face à cette pandémie, notamment le confinement de l’ensemble de la population. Il s’en est suivi les décrets portant sur l’organisation du service public, les notes de service signés de Madame la Ministre de l’Economie Forestière en vue de réglementer les activités pendant cette période compliquée. C’est dans cet ordre d’idées que l’ATIBT (en tant qu’interlocuteur du secteur privé) a initiée une étude dont l’objectif est d’analyser l’impact social et économique du COVID-19 dans les entreprises de la filière forêt-bois au Congo et identifier les difficultés de la mise en application des mesures liées à cette pandémie. Les résultats de cette étude permettront de mener le plaidoyer des entreprises auprès des services publics et partenaires commerciaux.

D’après les informations collectées du 8 au 17 avril 2020, l’analyse de la première période de confinement, effectuée à la veille de l’annonce de la prolongation, met en exergue les observations suivantes :

Si la CIB et Interholco fonctionnent toujours, la situation est plus difficile pour certaines entreprises du Sud. En effet, depuis le début du confinement le 31 mars 2020, certaines d’entre elles rencontrent des difficultés pour mettre en place les mesures barrières ou ont cessé leurs activités. Seul le personnel administratif est en télétravail. La plupart des employés sont confinés chez eux, loin de leur lieu de travail. Même si le décret leur permet de travailler, la gestion des activités est un véritable défi parce qu’il est difficile :

  • de mettre en œuvre les règles minimales de sécurité sanitaire (éloignement social, lavage régulier des mains, etc.), de fournir les équipements de sécurité sanitaire (masques, désinfectants, etc.)
  • de mettre en place la procédure d’obtention de l’autorisation de circulation pour leurs employés
  • d’avoir une bonne compréhension de ce qui est autorisé

Toutefois, depuis l’annonce de la prolongation du confinement à partir du 21 avril pour une durée de 20 jours, ces entreprises du Sud ont mis en place les mesures nécessaires et assurent aujourd’hui leurs activités d’exploitation selon le minimum autorisé par le décret.

GABON

Le Gabon subit le même impact que le Cameroun concernant le marché de la demande. De plus, par exemple, alors que le marché chinois se redresse, la production d’Okoumé est très faible. L’UFIGA travaille toujours en étroite collaboration avec le Ministère des forêts pour soutenir les entreprises autorisées à travailler, afin de sauver les activités de l’industrie du bois. Les procédures administratives pour la mise en place des mesures dues au confinement est longue. L’UFIAG a informé que les entreprises chinoises ont cessé leurs activités malgré les mesures d’accompagnement.

CHINE

État des lieux : le marché chinois de l’importation et de l’exportation de bois pendant la pandémie

Par : Timber Im- & Exporter Branch, CTWPDA (China Timber & Wood Product Distribution Association) – Date du 15 avril 2020

La prévention et le contrôle du COVID-19 en Chine continue de s’améliorer, et la reprise de la production s’est effectuée de manière stable et ordonnée; la demande de bois importé en Chine est en train de se redresser progressivement. Toutefois, l’épidémie propagée au niveau mondial a contraint les gouvernements de nombreux pays à prendre des mesures de lutte contre la propagation, comme la fermeture des bureaux et des frontières, ce qui a eu des répercussions sur l’exploitation et le transport du bois. D’autre part, les usines chinoises de la transformation du bois n’ont pas pu stocker beaucoup de bois. La panique engendrée par l’épidémie a pu avoir un impact direct sur le déficit d’approvisionnement de bois importés. Alors que les prix actuels du bois importé ont presque atteint leur niveau le plus bas, les usines/manufactures en profitent activement pour acheter; la spéculation ponctuelle a entraîné un rebondissement des prix d’environ 100-200 RMB par mètre cube.

Le stock de bois importé permettrait de soutenir une consommation pendant au moins deux mois

Selon les membres de CTWPDA, du 2ème semestre 2019 à la fin de l’année, les stocks de bois importés restent élevés et les prix atteignent presque leur niveau le plus bas. Le bois importé est encore arrivé normalement en janvier et février 2020, et a atteint un stockage complet en mars. Même après un mois de consommation, comme pour les résineux, le stock conservé à Taicang/Jiangsu s’élève à plus de 3,6 millions de m3, 2,3-2,4 millions de m3 dans la province de Shandong (dont 1,36 million de m3 à Rizhao), et 300-400 tsd m3 dans le Guangdong. Ces stocks permettent d’assurer une consommation normale pendant plus de 2 mois.

La situation pandémique à l’étranger s’aggrave, la demande diminue et les commandes du commerce extérieur sont sérieusement réduites. Le bois importé qui devait être transformé en Chine pour être réexporté est converti en vente intérieure ou les commandes sont annulées. Dans le cadre de la consommation de bois en Chine, l’exportation représente 20 % de la consommation totale. On estime que la demande de la Chine en bois importés sera réduite de 10 à 20 %, en raison de la diminution des exportations. Cette partie permettra de reconstituer l’approvisionnement en bois.

À l’exception de la Nouvelle-Zélande, les principaux producteurs de bois continuent à fournir normalement

  • Amérique du Nord : bien que les États-Unis et le Canada aient pris des mesures/politiques telles que le confinement à domicile et la fermetures des frontières, l’industrie du bois a été classée comme « infrastructures essentielles » (États-Unis) et « industrie nécessaire » (Canada), les deux sont encore en mesure de fournir normalement. Toutefois, certaines manufactures aux États-Unis et au Canada ont été fermées ou bien la production a été partiellement réduite en raison de la chute de la demande intérieure. Par exemple, aux États-Unis, on prévoit une chute de 20 à 25 % en avril-mai. Les ports du nord-est des États-Unis sont fermés, tandis que les ports des États du sud-est, comme la Caroline du Nord, sont toujours en mesure d’exporter du bois normalement.
  • Europe : selon les partenaires, la récolte et l’exportation de bois en Allemagne, en Finlande, en Suède et en Biélorussie continuent de se dérouler normalement.
  • Océanie : la Nouvelle-Zélande a entrepris un gros plan politique et 4 semaines de confinement à domicile depuis le 25 mars, incluant l’industrie du bois, et une reprise de l’approvisionnement normal est attendue d’ici fin avril.
  • Russie : les frontières ont été fermées le 30 mars. Les marchandises peuvent toujours être transportées à travers la frontière. Après la fermeture du port de Sui-fen-he/Heilongjiang, le fret continue de fonctionner, mais au ralenti en raison de la quarantaine.

En résumé, bien que la production dans les pays producteurs de bois ait diminué et que leur demande intérieure ait ralenti, seule la demande de la Chine reprend progressivement : l’exportation de bois vers la Chine n’est pas un problème à court terme.       

Augmentation des coûts de fret pour l’importation de bois

En janvier et février, concordant avec le festival chinois du printemps et la lutte contre COVID-19, moins de marchandises ont été exportées. Les conteneurs à destination de l’Europe, des États-Unis et d’autres pays ont également été réduits, aucun conteneur vide ne transportant de bois en retour. De plus, afin de minimiser les pertes, les compagnies maritimes ont annulé certains navires, entrainant une hausse des taux de fret, dans certains cas de 2 à 3 fois.

Le retour à la normal de la demande intérieure prendra un certain temps

Avec la reprise de la production et la plupart des projets de construction en Chine, les livraisons de bois résineux à partir de l’entrepôt sont plus rapides qu’il y a quelques semaines. Le bois a circulé entre les mains de distributeurs de deuxième et troisième niveau et se prépare au mieux à une éventuelle reprise de la demande de bois de construction. Toutefois, le travail à domicile perdure, et les fabricants de meubles ont généralement enregistré des commandes en baisse et une lente et longue reprise de la demande de bois de feuillus. Selon les entreprises, la livraison à partir de l’entrepôt ne représente que ¼ à 1/3 de la capacité normale à Zhangjiagang et Jingjiang (principaux ports pour de bois de feuillus importés en Chine, situés dans le Jiangsu). Le bois stocké dans les deux ports est d’environ 2 millions de m3. A partir de cela, on peut voir que la récente remontée du prix du bois importé est due à la préparation active des usines de transformation et à la médiatisation de certaines entreprises ; le bois n’était pas encore distribué aux utilisateurs finaux telle que les usines de meubles. A long terme, l’augmentation des importations de bois dépendra de la manière dont la pandémie se développe et est maîtrisée en Chine et au niveau mondial. Il est à espérer que les acteurs de l’industrie du bois prêteront attention à la reprise des demandes en aval et qu’ils n’augmenteront pas aveuglément les importations de bois.


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