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La surprenante rapidité de la régénération des forêts tropicales en Côte d’Ivoire

11.03.2022

En Côte d’Ivoire, des chercheurs observent les mécanismes de la régénération des forêts tropicales, alors que le pays, premier producteur mondial de fèves de cacao, a perdu plus de 80% de son couvert forestier depuis les années 1960.

Forêt secondaire de la forêt classée d’Agbo en Côte d'Ivoire, 30 ans après l’abandon de l’agriculture © Anny E N’Guessan

C’est la rapidité de cette régénération, bien plus rapide qu’en zone tempérée, qui surprend les chercheurs. Ceux-ci peuvent constater qu’en une vingtaine d’années, après une période sans activité agricole, les forêts tropicales ont le potentiel de repousser naturellement grâce à un phénomène de reconstruction progressive de l’écosystème, nommé succession naturelle. Les résultats de ces travaux ont été récemment publiés dans la revue Science.

Comment expliquer cette régénération, qui se produit sans intervention humaine ? En fait, même une fois les arbres coupés pour laisser place à des pratiques agricoles (en Côte d’Ivoire, majoritairement des caféiers et cacaoyers), des graines restent stockées dans le sol, constituant des « banques de graines ». Le climat, chaud et humide, et les animaux font le reste : les termites brassent le sol, les oiseaux disséminent les graines, et les arbres repoussent.

En 2019, une équipe de chercheurs franco-ivoirienne, incluant le Cirad, l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny, la Sodefor (Société de Développement des Forêts) et les universités d’Abidjan et de Daloa, a collecté les données de tous les arbres présents sur huit parcelles en Côte d’Ivoire dans le but d’analyser une douzaine de données notamment sur le carbone présent dans le sol et la structure de la forêt. Elle a également interrogé d’anciens agriculteurs afin de comprendre l’histoire agricole des parcelles analysées. L’équipe a ensuite modélisé les trajectoires de reconstitution de ces forêts.

Ces travaux ont pour objectif d’éclairer les politiques forestières des pays tropicaux. Les analyses effectuées appuient les principes de la gestion durable des forêts, en mettant en avant la capacité de régénération naturelle des arbres : la gestion durable promeut en effet une exploitation respectueuse des écosystèmes, attentive au rythme de reconstitution des forêts.  En outre, les recherches scientifiques sur les mécanismes de régénération des forêts tropicales sont bénéfiques pour les activités de reboisement, à penser comme complémentaires à la reconstitution naturelle des forêts. Comme le souligne Bruno Hérault, spécialiste des paysages forestiers tropicaux du Cirad, « Il n'y a pas de solution miracle pour la restauration. Une combinaison d'approches est nécessaire dans la plupart des territoires tropicaux. La restauration naturelle passive a toute sa place en combinaison avec d’autres solutions de restauration plus actives (régénération naturelle assistée, agroforesterie, plantations forestières), en fonction des objectifs locaux. Nos travaux en Côte d’Ivoire montrent qu’il existe tout un gradient de solutions qui peuvent être mobilisées et co-construites, au regard des contextes sociaux, économiques, historiques et écologiques des territoires cibles. »

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