24.05.2025
La Commission européenne publie la première liste officielle classant les pays selon leur niveau de risque dans le cadre du RDUE. Ce classement vise à adapter les obligations de diligence raisonnée en fonction des risques de déforestation.
Mais des limites méthodologiques et l'absence de certains pays clés soulèvent déjà des questions.
Le 22 mai 2025, la Commission européenne a publié la première liste officielle classant les pays selon leur niveau de risque dans le cadre du Règlement (UE) 2023/1115 contre la déforestation. Ce classement évalue le risque qu’un pays ou une région représente pour la production de matières premières potentiellement liées à la déforestation et à la dégradation des forêts.
Ce classement constitue une avancée importante dans la mise en œuvre du RDUE, en permettant d’adapter les exigences de diligence raisonnée au niveau de risque identifié pour chaque pays. Toutefois, plusieurs limites doivent être prises en compte :
Enfin, une précision importante : même pour les pays classés à faible risque, les opérateurs doivent obligatoirement évaluer les risques de contournement ou de mélange avec des approvisionnements de provenance inconnue ou à risque (standard ou élevé). À ce titre, nous recommandons de privilégier les approvisionnements certifiés ou audités, y compris pour les pays en "faible risque", afin de renforcer la sécurité juridique et la traçabilité.
À quoi sert ce système d’évaluation comparative ?
Le système d’évaluation par pays permet d’adapter les obligations de diligence raisonnée pour les opérateurs amont, opérateurs aval non-PME et commerçants non-PME européens.
Pour les pays classés à faible risque :
Les opérateurs bénéficient d’une procédure allégée :
L’objectif : concentrer les efforts de vérification sur les zones les plus sensibles, tout en réduisant la charge administrative pour les chaînes d’approvisionnement responsables.
Que faire pour les pays à risque standard ou élevé ?
Pour tous les pays non évalués (risque standard) ou classés à risque élevé, la diligence raisonnée complète s’applique :
Quelle méthodologie ?
La méthodologie de classement repose sur des critères quantitatifs, scientifiquement fondés, issus notamment du Global Forest Resources Assessment (FAO) ; et des critères qualitatifs : législation forestière, transparence des données, respect des droits des peuples autochtones, sanctions internationales, etc. Elle est définie à l'article 29 du RDUE.
Pays classés à risque faible (sélection par continent) :
Selon la liste publiée par la Commission européenne :
Albanie, Andorre, Arménie, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni.
Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Canada, Chili, Costa Rica, Cuba, Dominique, République dominicaine, Grenade, Jamaïque, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Trinité-et-Tobago, États-Unis, Uruguay.
Algérie, Burundi, Cap-Vert, République centrafricaine, Comores, Congo, Égypte, Eswatini, Gabon, Ghana, Kenya, Libye, Lesotho, Madagascar, Mali, Maurice, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Togo, Tunisie.
Afghanistan, Bahreïn, Bangladesh, Bhoutan, Brunei, Chine, Inde, Iran, Irak, Israël, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Kirghizistan, Koweït, Laos, Liban, Maldives, Mongolie, Népal, Oman, Palestine, Philippines, Qatar, Arabie saoudite, Singapour, Corée du Sud, Sri Lanka, Syrie, Tadjikistan, Thaïlande, Timor-Leste, Turkménistan, Émirats arabes unis, Ouzbékistan, Viêt Nam, Yémen.
Australie, Fidji, Kiribati, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Nauru, Nouvelle-Zélande, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Îles Salomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu.
Pays classés à risque élevé
Les produits bois issus de ces pays sont interdits d’importation dans l’UE, même en cas d'atténuation du risque. Cette interdiction découle non pas uniquement du RDUE mais d’un régime de sanctions européennes spécifiques.
Et les autres pays ?
Tous les pays non listés conservent le statut par défaut de "risque standard", impliquant une diligence complète. Cette classification est évolutive, fondée sur un dialogue structuré avec la Commission.
Fait marquant : le Brésil, grand exportateur de bois et de soja, n’a pas été évalué à ce stade, ou même la Côte d’Ivoire, premier producteur de cacao.
Et la certification dans tout cela ?
Pour certains pays classés à faible risque, nous recommandons fortement de privilégier les approvisionnements certifiés ou audités.
En effet, la certification :
La certification constitue ainsi un levier de sécurisation essentiel, même dans les cas où la réglementation prévoit des obligations allégées.