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Interview d’Armand Stockmans sur la première licence FLEGT du Ghana

Le Ghana est devenu le premier pays africain à délivrer une licence FLEGT, une étape saluée début novembre à Bruxelles. Pour éclairer les implications pour le marché européen, l’ATIBT a recueilli le témoignage de l’importateur belge STOCKMANS, présent lors de la cérémonie.

Credit @Elza Low

From left to right: Geza Strammer (DG INTPA) , Armand Stockmans (SWP - Stockmans Wood Products ) , Avedis Jeghalian ( LLL,  Logs & Lumber Limited),Henry Tachie-Menson, Ambassador of Ghana  .

 

Qu’est-ce que le FLEGT ?

Le plan d’action FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade) est l’initiative phare de l’Union européenne pour lutter contre l’exploitation illégale des forêts et améliorer la gouvernance dans les pays producteurs de bois. Au cœur du dispositif se trouvent les Accords de Partenariat Volontaires (APV), signés entre l’UE et les pays exportateurs, qui visent à mettre en place un système national rigoureux vérifiant la légalité du bois depuis la forêt jusqu’à l’exportation.

Lorsqu’un pays remplit l’ensemble des exigences de son APV, il peut délivrer des licences FLEGT, reconnues par l’UE comme preuve que les produits bois concernés ont été légalement produits. Ce système, fondé sur la transparence, le contrôle indépendant et l’implication des parties prenantes, constitue l’un des cadres les plus complets de vérification de la légalité dans le commerce international du bois.

Introduction

Le 4 novembre dernier, une étape historique a été franchie pour le commerce légal du bois : le Ghana est devenu le premier pays africain à délivrer officiellement une licence FLEGT, marquant l’aboutissement d’un long processus engagé dans le cadre de l’APV/FLEGT avec l’Union européenne. La cérémonie de lancement, tenue à Bruxelles en présence d’une délégation du TIDD (Timber Industry Development Division), de l’Ambassadeur du Ghana et de représentants de l’UE, a symbolisé le début d’une nouvelle ère pour la traçabilité et la gouvernance forestière au Ghana.

Parmi les participants figurait Armand Stockmans, représentant de l’entreprise belge STOCKMANS WOOD PRODUCTS (SWP), membre de l’ATIBT et importateur engagé dans l’achat responsable. Nous avons souhaité recueillir son ressenti et sa lecture de cette étape majeure pour le marché européen du bois, dans un contexte où le FLEGT et le RDUE redessinent les exigences en matière de diligence raisonnable.

Interview – Armand Stockmans (STOCKMANS WOOD PRODUCTS)

1. Vous étiez présent à la cérémonie de délivrance de la première licence FLEGT. Quel a été votre ressenti sur cet événement ?

J’ai ressenti un réel moment d’accomplissement. Après des années de travail technique, d’ajustements institutionnels et d’efforts de la part du Ghana, voir la première licence FLEGT émise était à la fois symbolique et concret. On sentait une fierté nationale et une forte volonté d’entrer dans une nouvelle phase où le commerce du bois ghanéen se fera avec davantage de transparence et de crédibilité. Pour nous, acteurs européens, c’était aussi un signal positif : le système fonctionne, il délivre, et il a un impact réel.

2. Pourquoi était-il important pour Stockmans d’être présent à cette étape entre le Ghana et l’UE ?

En tant qu’importateurs responsables, il était essentiel pour nous d’être témoins de ce moment. Nous travaillons avec le Ghana depuis longtemps, et être présents représentait une forme de soutien à un partenaire qui a consenti des efforts considérables pour atteindre ce niveau d’exigence. C’était également l’occasion d’échanger avec les autorités ghanéennes et européennes sur les implications pratiques pour les opérateurs.

3. En tant qu’importateur, que représente pour vous l’arrivée effective des licences FLEGT ?

Pour nous, cela signifie avant tout un gain de confiance. Une licence FLEGT garantit que le bois exporté respecte les lois nationales en matière de gestion forestière, de fiscalité, de transformation et de transport. C’est un système robuste, audité, et cela apporte une sécurité juridique précieuse. Dans un contexte où la diligence raisonnée devient toujours plus complexe, un cadre comme FLEGT simplifie la lecture du risque et renforce la relation commerciale avec nos partenaires.

4. Le Ghana occupe-t-il une place particulière dans vos approvisionnements ? Cette avancée peut-elle renforcer vos achats ?

Le Ghana n’est pas notre premier fournisseur en volume, mais il a toujours été un pays fiable, avec une industrie structurée et une bonne qualité des essences proposées. L’arrivée des licences FLEGT est un facteur qui peut clairement renforcer notre confiance et nos volumes à l’avenir, car elle réduit l’incertitude et valorise les entreprises ghanéennes les plus rigoureuses.

5. Comment percevez-vous la complémentarité entre FLEGT et la certification volontaire (FSC/PEFC) ?

Pour nous, ces outils ne s’opposent pas : ils se complètent. La certification volontaire apporte une dimension environnementale et sociale supplémentaire, avec des standards parfois plus exigeants. Le système FLEGT, quant à lui, s’assure que la légalité est solide, contrôlée par l’État et adossée à un système national de vérification. Ensemble, ils offrent un continuum d’assurance très intéressant pour les acheteurs européens.

6. Dans le contexte du RDUE, pensez-vous que FLEGT puisse apporter une valeur ou faciliter certains aspects de la diligence raisonnée ?

Oui, indéniablement. Le RDUE exige une diligence raisonnée stricte, mais reconnaît les systèmes nationaux robustes. Le FLEGT ne remplace pas la diligence raisonnée, mais il simplifie l’analyse de risque, car il repose sur un système national audité et entièrement axé sur la traçabilité et la légalité. Pour un importateur, cela signifie des données plus fiables, une meilleure transparence et moins d’incertitudes, ce qui est précieux.

7. Selon vous, quelles opportunités cette étape ouvre-t-elle pour les relations commerciales Ghana–Europe ?

Je pense que le Ghana peut devenir un modèle pour d’autres pays africains. La licence FLEGT est un avantage compétitif : elle rassure les acheteurs, elle réduit le risque perçu, et elle peut renforcer la place du bois ghanéen sur un marché européen très sensible à la conformité. Pour nous importateurs, cela ouvre la porte à des partenariats plus solides, plus prévisibles et orientés vers le long terme.

Conclusion

L’émission de la première licence FLEGT par le Ghana marque une avancée majeure non seulement pour le pays, mais pour l’ensemble du commerce légal du bois. Le témoignage de l’entreprise SWP illustre l’importance de cette étape pour les entreprises européennes, dans un paysage réglementaire en pleine évolution.

Membres de l'ATIBT