08.12.2025
Du 24 novembre au 5 décembre 2025, une délégation de l’ATIBT et de FRMi a accompagné les pays d’Afrique centrale à la 20ᵉ Conférence des Parties (CoP20) à la CITES, à Samarcande (Ouzbékistan). L’objectif : défendre un commerce légal, durable et traçable des essences tropicales du Bassin du Congo, et porter la voix de la région dans des débats de plus en plus techniques et sensibles.
Deux propositions majeures, présentées par la République du Congo et le Gabon, visaient à retirer les populations d’Afrique centrale d’Afzelia bipindensis (doussié) et de Pterocarpus soyauxii (Padouk) de l’Annexe II. Pour appuyer ces demandes, les délégations ont présenté un argumentaire scientifique particulièrement solide reposant sur : une abondance confirmée des ressources, estimée à près de 20 millions d’arbres matures pour chaque essence ; plus de 30 ans d’aménagement forestier, démontrant la résilience et la capacité de renouvellement des peuplements ; et des des systèmes de traçabilité et de contrôle comme le SIGIF ou le SILV/SVL, couvrant l’ensemble de la chaîne forêt–port.
Malgré ces éléments, les propositions n’ont pas obtenu la majorité qualifiée (47 % de voix favorables contre 66 % requis).Ce résultat demeure néanmoins encourageant ; il montre que les arguments scientifiques de la sous-région gagnent en reconnaissance et qu’une coalition significative soutient déjà une approche fondée sur la gestion durable et non sur le seul principe de précaution.
L’un des dossiers les plus sensibles pour l’Afrique centrale concernait les retards de délivrance des permis d’importation, particulièrement au sein de l’Union européenne. Le Doc. 48, porté par le Cameroun, résumait le contexte : de nombreux opérateurs ont signalé des délais pouvant dépasser 18 mois, alors que les permis d’exportation CITES expirent au bout de 6 mois.
À l’issue des négociations autour du Doc. 48, un compromis a émergé :
La CoP20 a également donné lieu à des discussions stratégiques sur le critère de ressemblance (“look-alike”) et sur la manière d’articuler plus efficacement les processus d’inscription des espèces à l’annexe 2 de la CITES. Les pays d’Afrique centrale ont défendu une approche davantage fondée sur les risques, afin d’éviter l’inscription « par précaution » d’essences peu menacées biologiquement mais essentielles pour les filières légales.
Cette vigilance a été renforcée par la présentation du document d’information Inf. 51, par l’Allemagne. Celui-ci indique que plusieurs taxons de flore, dont Entandrophragma spp. (sipo, sapelli, tiama, kosipo) figurent désormais parmi les espèces prioritaires à examiner. Cette priorisation repose sur : (i) l’importance de ces essences dans le commerce international, (ii) la présence de signaux de risque potentiels, (iii) les difficultés d’identification qui pourraient activer le critère « look-alike ». Cela indique clairement que Entandrophragma spp. pourrait être au cœur des prochaines discussions de la prochaine CoP.
À la suite de cette CoP20, l’ATIBT et la COMIFAC ont identifié plusieurs priorités d’action :