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Publication des études sur les plantations et l’agroforesterie

11.10.2018

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet FLEGT-REDD financé par le FFEM, l’ATIBT a mandaté trois bureaux d’étude pour la réalisation d’études visant à alimenter la réflexion sur l’élaboration de concepts de projets pilotes pour des plantations innovatrices en matière de besoins en bois d’œuvre, bois de chauffe et produits agricoles. Les trois études sont finalisées et ont été publiées, et elles sont disponibles sur le site ATIBT ( Rubrique « Médiathèque« ).

L’analyse des expériences des plantations forestières en République de Côte d’Ivoire (RCI) a été capitalisée sous le prisme d’opportunités de diversification pour les concessions forestières naturelles. Le reboisement en RCI est avant tout une contrainte légale instituée en 1994 face à la forte menace de disparition des ressources forestières. L’étude de capitalisation des acquis de l’expérience en plantations de bois d’oeuvre en Côte d’Ivoire (disponible Ici) s’est penchée sur les expériences particulières d’entreprises tel Tropical Bois, Inprobois, FIB et Tranchivoire, témoignant de nombreux efforts allant jusqu’à près de 100 ha de plantations additionnelles hors obligations. L’une des principales leçons à tirer est que le reboisement qui au départ était plus une obligation est dorénavant rentré au centre de la stratégie d’approvisionnement à terme et donc de survie. Des points d’attention demeurent notamment la sécurisation du contexte d’intervention et d’investissements (amélioration cadre réglementaire, reconnaissance droit foncier, droit de préemption sur le bois planté, etc.), le changement d’échelle (aller au-delà des efforts actuels)… Les financements restent toutefois faibles et beaucoup d’interventions sont des investissements propres ; le mécanisme REDD+ représentant une alternative d’incitations financières reste cependant difficile du fait de son lourd formalisme.

 

L’étude d’état des lieux de la légalité et des réglementations relatives aux plantations de bois d’œuvre (disponible Ici) dans cinq pays (Gabon, Congo, RDC, Cameroun, RCI) a permis de relever de nombreux freins à l’essor des plantations tout en proposant des solutions. En guise de constats, l’on note principalement le faible intérêt d’investissement du secteur privé forestier, l’absence de priorisation stratégique, le déficit d’appuis techniques, l’hétérogénéité des textes juridiques et voire l’inadéquation de certaines dispositions (foncier insécurisé, propriété de l’arbre planté controversée, fiscalité confiscatoire…). Les solutions passent par la révision de la nature de l’encadrement de l’État – rôle de régulateur et de contrôle s’appuyant sur une vision stratégique pérenne avec des institutions adaptées et un cadre juridique et des pratiques arrimées aux priorités nationales et conférant un statut viable aux plantations –, le renforcement des moyens techniques et financiers et l’implication des opérateurs. Les plantations forestières ne sont certes pas la panacée mais dans un contexte où la demande s’accroîtra au point où le bois manquera en Afrique au cours du XXIème siècle, il s’agit d’une option viable à condition d’être bien conçues et gérées durablement avec une garantie de sécurité d’investissement pour les opérateurs et tout autre acteur.

 

L’étude d’opportunité de projets agroforestiers de culture sous ombrage d’essences forestières (disponible Ici ) visait à évaluer les opportunités de projets agroforestiers avec un objectif de bois d’œuvre en réhabilitant la culture agricole de rente (type café, cacao) sous ombrage d’essences forestières, et s’est portée volontairement sur 2 pays présentant des contextes et des trajectoires de développement des filières cacao et forêt/bois assez différentes, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. L’étude a relevé qu’il existe une multitude de modèles d’associations cacao+bois d’œuvre qui sont mis en œuvre au stade d’essais, à petite échelle, produits par la recherche-action ou dans le cadre d’initiatives locales, le choix des itinéraires techniques dépendant d’abord des objectifs de production. Il y a également une réflexion importante menée actuellement autour des conditions à créer en soutien au cacao sous ombrage : accès à un matériel végétal de qualité, appui technique pour un bon entretien des essences forestières, accès à des produits financiers adaptés. Mais il existe des incertitudes liées au caractère plus ou moins favorable et sécurisant des corpus légaux existants qui limite de développement de tels initiatives. L’étude conclu cependant que le modèle cacao+bois d’œuvre est un modèle vertueux qui peut parfaitement répondre à certaines exigences de la certification forestières FSC /PAFC, notamment vis-à-vis des besoins de proposer aux populations riveraines, de projets de développement intégrés, générateurs de revenus. A plus long terme, cette réflexion et ces perspectives rejoignent les préoccupations actuelles portées par l’ATIBT sur le modèle économique des concessions forestières dans le bassin du Congo qui devront sans aucun doute rechercher des voies de diversification économique, vertueuses du point de vue environnementale et sociale.

 

Ces études ont fait l’objet d’une restitution à Abidjan le 24 mai 2018 et a donné lieu de riches échanges sur les enjeux du reboisement en Côte d’Ivoire. Les discussions avec les différents acteurs montrent une convergence d’intérêt, voire un début de mouvement d’ensemble réunissant chocolatiers et forestiers autours d’enjeux communs : climat, durabilité du sourcing, conditions de vie des agriculteurs, reboisement.

 

Elles ont également été présentées et distribuées lors du Race Wood organisé par l’ATIBT à Libreville au Gabon du 20 au 22 juin 2018 (Rapport Race wood 2018, disponible Ici ).

 

La réflexion initiée par ces études va se poursuivre, et s’organisera dans un premier temps au sein d’un groupe de travail, afin de tester l’intérêt des différents participants et de valider la pertinence d’une telle approche, compte tenu de différents facteurs : intérêt réel des entreprises forestières pour cette diversification, complémentarité avec leur modèle, facteurs techniques, organisationnels, financiers et réglementaires (notamment le foncier) susceptibles de rendre possibles des engagements de leur part. Les participants à cette réflexion viendraient de différents horizons : bureaux d’études, centres de recherche, professionnels, entreprises forestières, sociétés de plantations, etc…

Membres de l'ATIBT