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RDUE : clarifications sur la proposition de la Commission et position de l’ATIBT

14.11.2025

Dans la continuité de la publication, le 21 octobre, par la Commission européenne d’une proposition de simplification du RDUE, plusieurs échanges importants ont eu lieu en présence d’acteurs clés des chaînes d’approvisionnement. L’ATIBT revient ici sur la conférence organisée au Parlement européen à l’invitation de Pascal Canfin, analyse les propositions de la Commission – dont certaines seraient très problématiques en l’état – et présente les orientations que nous portons collectivement dans la coalition intersectorielle.

Retour sur la conférence au Parlement européen

La semaine dernière, l’ATIBT a participé à une conférence organisée à l’invitation de Pascal Canfin (Ex-Président de la commission ENVI du Parlement européen) et co-organisée avec la coalition d’acteurs représentant les secteurs du bois, du cacao, du café, de l’huile de palme, du caoutchouc et de l’agroalimentaire.

L’objectif de cet échange était de faire le point sur la mise en œuvre du RDUE, à l’approche de la date d’application prévue, et de réagir à la proposition de simplification publiée par la Commission.

Les messages convergents ont été les suivants :

  • la nécessité de maintenir la dynamique du RDUE et d’éviter un nouveau report ;
  • des inquiétudes partagées quant aux simplifications proposées par la Commission, jugées, pour certaines, inadaptées ou impossibles à mettre en œuvre ;
  • la volonté d’identifier des solutions opérationnelles qui ne compromettent pas l’ambition initiale du règlement.

La transcription, ainsi que le statement intersectoriel finalisé à la suite de ces échanges, sont joints à cette newsletter (en anglais).

Notre analyse de la proposition de simplification de la Commission

Dans sa proposition du 21 octobre, la Commission avance deux changements principaux :

  1. a) Micro et petits opérateurs primaires

Ils seraient exemptés de la déclaration de diligence raisonnée (DDR), remplacée par une déclaration annuelle simplifiée, seulement dans les pays classés “faible risque”.

  1. b) Opérateurs en aval (downstream)

Seul le premier metteur en marché serait tenu de soumettre une DDR.
Les opérateurs en aval n’auraient plus l’obligation de soumettre une Déclaration de Diligence Raisonnée (DDR) et seraient garants de la  traçabilité en  collectant et transmettant des numéros de DDR au reste de la chaîne d’approvisionnement.

Si l’objectif affiché est de réduire la charge administrative, plusieurs mesures apparaissent insuffisamment abouties, en particulier l’obligation de transmettre de multiples numéros de DDR tout au long de la chaîne de transformation — une approche difficilement praticable, et pour laquelle les opérateurs ne sont pas préparés.

Cette approche, censée simplifier, créerait en réalité une explosion de volumes d’information, ingérable pour les produits transformés ou mixtes (papier, meubles, chocolat, etc.).

Plus largement, plusieurs points de la proposition sont jugés peu adaptés aux réalités opérationnelles des filières et risquent de créer plus de confusion que de simplification.

Pour aider les opérateurs à mieux comprendre les implications de ces changements, une FAQ complète est disponible en pièce jointe.

Position et recommandations de l’ATIBT

Nos propositions ont été formulées en réponse directe aux propositions de la Commission, précisément parce que certaines d’entre elles, si elles étaient adoptées en l’état, entraîneraient des complications majeures pour les opérateurs – en particulier dans la filière bois.

L’ATIBT défend une approche pragmatique, structurée autour de quatre axes :

  1. Pas de report d’un an

Le RDUE doit entrer en vigueur comme prévu : un report général ne ferait qu’alimenter l’incertitude.

  1. Une période de grâce claire (6 à 12 mois)

Cette période permettrait :

  • aux autorités compétentes de tester et stabiliser leurs procédures de contrôle,
  • aux entreprises d’intégrer progressivement les nouvelles exigences,
  • au système TRACES d’être utilisé en conditions réelles,
  • d’identifier et résoudre les blocages avant que les sanctions ne s’appliquent.
  1. Maintenir une responsabilité claire : DDR uniquement pour le premier metteur sur le marché

Cette responsabilité structurante ne doit pas être diluée.

  1. Pour les opérateurs en aval : une diligence proportionnée, sans déclaration et sans transmission de DDR

Contrairement à la proposition de la Commission, la coalition – et l’ATIBT – soutiennent un modèle plus réaliste :

  • aucune déclaration en aval,
  • pas de transmission de numéros de DDR,
  • une obligation de système (politiques internes, registres simples, vérification des fournisseurs),
  • une obligation de réagir en cas de risque identifié,
  • des contrôles possibles par les autorités compétentes.

Cette approche préserve la cohérence du RDUE tout en évitant une surcharge administrative qui serait ingérable pour les opérateurs.

Prochaines étapes

L’ATIBT continuera à défendre, au sein de la coalition intersectorielle, une mise en œuvre du RDUE ambitieuse, réaliste et opérationnelle, en proposant des ajustements là où cela est nécessaire pour éviter des effets contre-productifs.

D’autres actions de sensibilisation et de dialogue avec les institutions européennes auront lieu prochainement.

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